Sinina SAID, une Mahoraise lauréate du 5<sup>e</sup> Prix des Lyriades 2017
Sinina SAID, une Mahoraise lauréate du 5e Prix des Lyriades 2017 | © Source : Conseil départemental de Mayotte - DirCom

Sinina SAID, une Mahoraise lauréate du 5e Prix des Lyriades 2017

  5 février 2018 à 09h12 (≈ 6 ans) |  ÉTUDES - MÉMOIRE

Sinina SAID a soutenu publiquement en septembre 2017, un mémoire dans le cadre de son Master 2 Didactique des Langues, Français Langue étrangère et technologies éducatives, et dont l’intitulé est : Enseignement, apprentissage et acquisition du français en milieu scolaire multilingue au nord de Mayotte : Situation et perspectives.

Issue d’un bac littéraire au Lycée du Nord de Mayotte, Sinina SAID a validé son bac de justesse, avec 10 de moyenne en 2010. Avec ce dernier en poche, obtenu de « justesse », elle décolle pour Nancy où sa grande sœur habite. La métropole, cette grande inconnue l’effrayait, d’où le choix du regroupement familial. Elle avait peur de se retrouver seule, dans un système complexe et étranger.

Depuis la classe de 4e, l’envie de devenir professeure d’espagnol hantait cependant l’esprit de Sinina. Elle s’est alors inscrite en LLCE espagnol et après une année d’échec, malgré sa grande motivation, elle fait une demande en DUT. C’est alors que le responsable de la formation lui suggéra le redoublement. Il croyait sérieusement en sa capacité de réussir.
Le redoublement s’est plutôt bien passé mais, Sinina n’avait pas assez de crédit pour valider l’année. à Nancy la politique interdisait le triplement. Guidée par ses ambitions de devenir enseignante un jour, elle tenta de s’orienter vers son deuxième vœu : les Lettres Modernes. C’est à cette occasion qu’elle demanda la réouverture d’un droit d’inscription avec un laissez-passer : cela obligeait à une démarche spécifique. Sa requête acceptée, elle commença une licence de Lettres Modernes en 2012.

La première année fut très studieuse afin de pallier les lacunes accumulées depuis Mayotte. Sinina est une étudiante sérieuse, demandeuse et très impliquée, jamais Elle n’a eu peur de prendre la parole, la moquerie des camarades n’a jamais été un frein pour elle. Elle confesse que plusieurs fois elle a pleuré parce que certains de ses enseignants se montraient durs à son égard : « Je m’effondrais un jour pour devenir plus forte le lendemain. »

Au cours de cette première année de licence, Sinina préparait pas moins de 5 commentaires de textes et dissertions par semaine. Elle en rédigeait 1 ou 2 entièrement et gardait les autres à l’état de brouillon. Deux de ses enseignantes acceptèrent de la corriger régulièrement, grâce à elles sa progression fut remarquable.

L’année suivante, elle décide quitter la métropole pour rentrer à Mayotte, au grand regret de ses professeurs Nancéens. Après la licence de Lettres Modernes obtenue à Mayotte, elle quitte hippocampe pour la deuxième fois, en vue de poursuivre ses études en Master Didactique des Langues, Français Langue étrangère et technologies éducatives.

Le soutien de ses anciens tuteurs, de l’une de ses anciennes enseignantes en licence de Lettres ainsi que celui de sa famille l’ont beaucoup aidé.
Finalement, depuis sa réorientation en Licence de Lettres Moderne, Sinina n’a plus jamais redoublé.

« à mon arrivée dans l’Hexagone, j’ai eu beaucoup de mal notamment à cause du décalage culturel, du mode de vie, du climat, etc. »

Malgré son hébergement en HLM, Sinina a toujours refusé de faire partie d’une communauté Mahoraise à Nancy et à Angers. Pour la simple raison que cela représentait, selon elle, un enfermement et un blocage à l’étrangeté. L’ouverture d’esprit est un moyen d’aller de l’avant. Ses amies étaient d’origine Antillaise, Mexicaine, Mauricienne, Thaïlandaise, Chinoise, Russes, Françaises de l’Hexagone et deux ou trois mahoraises, histoire de garder le lien avec le « pays ». Elle voulait surtout améliorer son niveau de français, rester avec les gens du « pays » aurait produit l’effet inverse dans la mesure où les échanges en français auraient été très limités.
En Métropole, elle affirme n’avoir jamais fait appel aux associations. Elle réglait elle-même ses problèmes.

Pour ce qui est des stages, Sinina a eu la chance de faire au cours de ses études, deux années d’Emploi d’Avenir Professeur. Cela, en vue de découvrir premièrement le métier de professeur documentaliste au Lycée du Nord, et deuxièmement celui d’enseignant de Lettres au collège de M’tsamboro l’année suivante.
En master 1, elle a effectué un stage au collège de M’tsamboro. Et en Master 2, ses recherches se sont déroulées dans des écoles primaires, dans un collège et dans un lycée au Nord de l’île.

La vie en métropole est chère et la bourse versée par l’état est bien trop juste, néanmoins la reconnaissance des priorités permet de réaliser des projets, tels que le financement du permis de conduire, des voyages culturels pas chers, des visites de musées (généralement gratuites pour les moins 26 ans en Europe) grâce au complément de bourse versé par le Conseil départemental de Mayotte.

Les études sont une dure épreuve parsemée d’obstacles, Sinina se souvient des moqueries qu’elle a dû encaisser, du sadisme de certains enseignants qu’elle a dû affronter. Mais aujourd’hui, elle est fière d’avoir surmonté ses lacunes et, réussi là où un grand nombre ont échoué ou abandonné.

Son plus beau souvenir au cours de ses études ce sont les échanges interculturels avec ses amies d’origines étrangères.

Enfin, puisque rien n’est parfait, elle a quelques suggestions à transmettre à la Direction des politiques scolaire et universitaire (DPSU) pour mieux accompagner les élèves mahorais étudiant hors territoire !

Elle est reconnaît que les médiateurs sont présents et visibles dans les académies, mais il est regrettable de voir que certains d’entre eux ne sont pas formés pour communiquer avec de jeunes étudiants : l’agressivité et le manque de considération de quelques-uns rebutent parfois les étudiants à aller vers eux. Par ailleurs, les conseillers doivent être plus sensibles et disponibles pour les étudiants. Suivre un jeune, ne consiste pas seulement à garder et à envoyer son dossier en commission, c’est aussi l’informer, l’écouter, accuser réception des mails et des documents. Pour donner plus de visibilité dans les paiements, la DPSU pourrait mettre en place un planning précis ou approximatif des virements. Pour terminer, le site internet de la DPSU est en évolution mais un perfectionnement doit voir le jour au plus vite.

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